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Canal Dandylan
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15 avril 2007

Comment raconter les voyages que l'on n'a pas faits ?

COMMENT PARLER DES LIVRES QUE L'ON N'A PAS LUS?
C'est un sujet délicat fort bien traité par Pierre Bayard qui fait écho au non moins célèbre Comme un roman de Pennac. C'est un livre pour les vrais lecteurs et non pas pour les non-lecteurs paresseux comme le laisse croire la quatrième de couv'. Les sous-titres de chapitres valent leur pesant d'or :
Où l'on pose avec Montaigne, la question de savoir si un livre qu'on a lu et complétement oublié, et dont on a même oublié qu'on l'a lu, est encore un livre qu'on a lu.
Je me souviens très bien avoir passé le concours des Mines sans avoir lu le Discours sur l'inégalité parmi les hommes de Jean-Jacques Rousseau et avoir eu un 14 inespéré après tout de même avoir parcouru le Bordas sur l'oeuvre du philosophe.
Où Umberto Eco montre qu'il n'est nullement nécessaire d'avoir eu un livre en main pour en parler dans le détail, à condition d'écouter et de lire ce que les autres lecteurs en disent.
Et je suis toujours étonné quand un gamin qui devait lire un bouquin pendant les vacances vient me voir la veille de la rentrée après en avoir lu la première page en catastrophe pour que je réponde aux questions du prof sur le livre, questions auxquelles je réponds en parcourant les pages dans le sens de la diagonale alors que je ne sais pas de quoi ça cause !
Dans un roman de Lodge appellé Changement de décor des étudiants jouent au "jeu de l"humiliation" qui consiste à proposer un livre connu que l'on n'a pas lu en marquant autant de points que de personnes présentes l'ayant lu.. Je n'ai pas encore lu Hodge, je l'avoue...
C'est à la bibliothèque de La Villette que j'ai eu la révélation que l'on ne pouvait pas avoir tout lu. D'abord abasourdi de voir trois niveaux gigantesques de rayonnages de livres sur tous les sujets, j'avais eu une première impression d'effroi et de nullité en imaginant tout ce que je n'avais pas lu et puis, une petit voix m'avait soufflé qu'il 'était impossible de tout lire et que ce que j'avais déjà lu était bien assez.
Passons aux aveux : je n'ai lu qu'un tome des Essais de Montaigne et des Mémoires d'Outre-Tombe de Chateaubriand (c'est déjà ça). J'ai seulement lu le premier livre de Proust sans aller plus loin... Je me suis contenté des anthologies de poésie française pour découvrir tous les poétes français. J'ai abusé des livres de citations (bien pratiques comme échantillons). Je consulte régulièrement Amazon, Alapage et Chapitre.

Dans le même ordre d'idée, je peux donc aussi avouer que n'ayant pas les moyens à une époque de voyager et agacé par tous ces gens qui me bassinaient avec leur tour operator, j'avais décidé de raconter des voyages imaginaires ; pendant deux mois, je parcourais des yeux dans chaque bibliothèque et chaque librairie où je passais un livre ou une revue sur le pays que j'avais choisi. Je testais aussi la nourrriture ou la boisson de celui-ci. C'est de là que me vient le goût de la Guiness ! Sans jamais avoir mis les pieds en Irlande. Je me dois de signaler que je n'ai pas continué à raconter mon journal de bord virtuel de voyage car à la relecture, il faisait trop vrai... J'ai eu un sentiment de schizophrénie en songeant que quelqu'un puisse lire cela, y croire et découvrir que j'avais tout inventé ! La bonne preuve, c'est que je me souviens d'une discussion avec un gars qui revenait de la Guadeloupe et qui semblait décontenancé que je lui cause de la Pointe des Châteaux, de la plage de Deshaies ou de la Soufrière comme si je la connaissais vraiment. D'ailleurs, je connais très bien le plan de New York...

Plus fort encore, je racontais des histoires à ma petite nièce le soir avant qu'elle ne s'endorme. Elle choisissait le thème et je brodais là-dessus. Une fois, elle avait proposé : Michaël (c'était le nom de son héros) fait de l'escalade ! Et me voilà à grimper une pente abrupte d'une haute montagne en rappel, posant mes pitons, dérapant d'un pied, me rattrapant d'une main. Je voyais littéralement la scène et je poussais un cri de victoire en arrivant au sommet sous les applaudissements de ma petite nièce. Celle-ci me posa alors cette question insoluble "Tu as déjà fait de l'escalade ?". J'ai dû avouer avec effarement que non. "Mais alors comment tu sais ?". Cest vrai, ça, comment je savais ? J'avais lu Premier de cordée, j'avais vu des films, j'avais écouté mes copains qui faisaient de la varappe...

Pire ! Je me souviens très bien d'un paysage d'une planète verte avec des êtres de trois mètres de haut, verts et translucides lorsque j'écrivais des historiettes de science-fiction quand j'étais ado. Vous allez me dire que c'était une réminiscence d'un film ou la vision d'un livre. Certes, mais ce dont je me rappelle très bien, c'est le moment où j'écrivais et que dans ma tête, je voyais cela. C'est vai que je lisais Philip. K. Dick, l'auteur du Bal des  Schizos. Souvenez-vous (rires) de Blade Runner où l'on transplante de faux souvenirs de voyage dans la lune au héros !

Vous n'êtes pas obligé d'avoir tout lu ce billet, il vous suffira de trouver quelqu'un qui l'a lu pour en parler...

Commentaires
M
J'ai découvert une petite merveille. Il s'agit d'un roman de SF dont le titre est le 101ème de maria pires pacheco (dispo sur : www.lulu.com/author/content_revise.php?fCID=798963) Il parle de nanotechnologie, d'intelligence artificielle, etc. Son auteur essaie de s'auto-publier, donc j'ai pensé qu'il serait bien de lui faire un peu de pub.<br /> <br /> Resumé <br /> Il s’agit d’un livre de science-fiction, dont l’héroïne est une jeune pré-adulte (une adolescente), idéaliste et naïve, qui partage son corps avec une intelligence artificielle du nom de Tristan. Tristan est plus sage, plus tempéré et sert le plus souvent de mentor à Seyka. Ce duo est envoyé en mission sur la planète artificielle : Ken Rock, où ils doivent rechercher toute trace d’une machine appelée l’interface, qui disposerait d’une source quasiment illimité d’information...
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