Le Chu lyrique

Comme je le répète souvent, je vais à la Pinacothèque quand je n'ai plus rien à voir. La vérité, c'est que j'avais décidé d'aller découvrir Art Roch (expo d'art aborigène) sauf que j'avais pas bien lu Pariscope et c'était fermé le dimanche. Pas de plan B mais la Madeleine était toute proche et j'ai décidé d'aller au complexe d'art comme on dit complexe cinéma à la Pinacothèque 1 et la Pinacothèque 2 (genre MK2). Là, il y a plein de salles d'expo comme au cinéma. Goya, Brueghel et un chinois. 8 ou 10€ chaque séance euh ! chaque expo. Avec un pass 23€, les expos quand vous voulez et la totale en une journée à 18€. Sans oublier le Pinacopass à 60€ pour l'année. Pas besoin de coupe-file, y a pas grand monde en ce début d'année. A la caisse, ils distribuent le petit journal des expos à 2€ ce qui fait un total de 20€ tout rond pour entrer. Sorti mon billet que le caissier n'a pas refusé. Ouf ! (Vu qu'une fois la nana ne voulait pas de mon billet de 50€). Commencé par la Dynastie Brueghel. Le thème des trois expos (c'est le trip de la Pinacothèque de faire des expos qui se répondent en deux ou trois parties payantes), c'est la photo avant la photo :
Les bouleversements technologiques actuels nous font oublier le rôle que jouait encore l' artiste il y a à peine un siècle. Aujourd'hui, chacun de nous devient le propre témoin de son temps grâce au numérique et à la vidéo, aux smartphone que nous possédons tous. (...) Les trois expositions, constituant la trilogie présentée aujourd'hui par la Pinacothèque de Paris, rappellent que le peintre, et lui seul, était capable de fournir un témoignage visuel d'un événement avant l'avènement de la photographie. Ce rôle lui incombait sans même qu'il en ait totalement conscience. Tout le rapport à la réalité ne se faisait que par son truchement exclusif. Sans la photographie, l'artiste se devait de montrer ce qui se passait autour de lui. (...)
Site de la Pinacothèque

Je suis certes réfractaire au coté marketing de la Pinacothèque mais l'expo est très intéressante avec les scènes de la vie quotidienne ou d'enfants. Certes, je ne vois pas bien ce que les Sept Péchés Capitaux de Bosch viennent faire là mais 1) un Bosch (des Beaux-Arts de Genève), ça ne se refuse pas 2) ça me donne des idées pour la prochaine expo-photo de mon association Imathis consacré justement aux péchés capitaux.
Et j'aime beaucoup la salle des "Allégories". J'aurai pas dépensé vingt balles pour rien.
Ensuite, je passe au chinois. Un nom à coucher dehors : Chu Teh-Chun. Sauf qu'en sortant, je l'appelle plutôt Maître Chu... Là, un big choc visuel qui commence par un titre à rallonge : Rouge, la pluie de pétales sur le village. Blanc, le nuage au-dessus de la maison. Rien à dire : ce qui est beau est beau.

La photographie n'est jamais présentée comme l'un des facteurs importants ayant permis la naissance de l'abstraction. Pourtant, la concordance troublante entre la commercialisation de l'autochrome en 1907 par les frères Lumière et l'apparition de la première œuvre abstraite pourrait presque parler d'elle-même. L'artiste, dès l'instant où la photographie apparaît, se sent libéré de la mission qui, jusque-là, lui incombait. (...) La photographie le libère du sujet : le témoignage incombe désormais au photographe. Ainsi affranchi, l'artiste peut donner libre cours à son imagination, laisser parler son imaginaire sans s'attacher au sujet réel.
Site de la Pinacothèque.

Plus loin, je tombe en arrêt devant ses paysages abstraits hivernaux. Est-ce un faiseur ? Je lis sa bio. Référence à Zao Wou Ki, of course (les asiatiques sont généralement très forts en abstraction lyrique). Sauf que ce brave Chu a vécu à Vitry sur Seine !! Et qu'il est élu à l'académie des Beaux-Arts. C'est donc pas n'importe qui.

Mélodies hivernales. Mutation hivernale. Chant d'hiver.

Je continue ma visite en donnant des noms aux tableaux avant de lire les vrais. Ci-dessous, je le nomme Dunkerque mais il s'agit de... Hong-Kong. Pas mal joué, isn't it ?


Enfin, je me liquéfie complétement devant Emotion poétique avant d'en lire le titre. Ben oui, c'est tout à fait ce que j'ai ressenti !

La sortie de l'expo donne obligatoirement sur la librairie où j'achéterai la carte postale de l'oeuvre à 1€20. Produit dérivé complétement aranaqueur vu le coloris au contraste très fort. Ce qui m'a fait douter de ce que j'avais vu.

L'expo se termine par la toile magnifique sans titre qui fait l'affiche

Ensuite je suis allé voir voir Goya mais mon oeil ne réagissait plus même aux scènes de viol et de massacre (faut dire que les gravures sont assez petites et que je suis bien myope).
Okay ! Je ne vous incite pas à aller claquer vos billets de 20€ à la Pinacothèque mais quand même...

Comments

[Monik]

Ils exagèrent vraiment. Bon, j'irai juste pour voir l'expo de Chu Teh Chun , un artiste que j'aime beaucoup!

Merci pour l'info.