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Canal Dandylan
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15 août 2007

Le Voyageur des Zones Oranges (Olympiades-BFM Paris XIIIème)

Où est le temps de mes errances ? Celui où j'étais le Voyageur des Zones Oranges ? Le digne personnage de Subway. Le Rimbaud insensé de la banlieue sensible. Non, elles sont toutes là, désappointées. Pourquoi tu ne pars pas en vacances ? Pour aller où ? Avec qui ? Tu pourrais faire une croisière. Partirpascher. Aller au Club. Et lui, il ne rêvait que de son passé de poéte d'opérette où il voyageait de ligne en ligne de RER jusqu'aux confins des Zones Oranges qu'il ne franchissait jamais ou si peu. Il avait tout vu : Dourdan-la Forêt, Bruyères-sur-Oise, Persan-Beaumont, Port-Villez (Ah ! Monet), Bréval, Chars, Survilliers-Fosses, Dammartin Juilly-Saint-Mard, Crouy-sur-Ourcq, Nanteuil-Saacy, La Ferté-Gaucher, Provins (zone 8 !), Montereau, Souppes-Chateau-Landon, Boigneville, Angerville (zone 7), Saint-Rémy-lés-Chevreuse, Gazeran, Houdan et même l'Aéroport de Roissy 2 : il avait TOUT fait !

Depuis, la RATP et la SNCF ont construit quelques morceaux de ligne ici et là que je n'ai pas faits. Notamment un bout de ligne 14 jusqu'aux Olympiades. Acheté un coupon hebdomadaire pour les zones 1 à 4 afin d'essayer de revivre un peu ces temps glorieux de folie douce embarquant avec moi Le Dehors et le Dedans de Nicolas Bouvier, un recueil de poésie de l'éternel globe-trotter, pour lire dans le Transilien rempli d'africaines en boubous et de femmes voilées. Je sais bien que je ne ferai jamais les voyages lointains de Bouvier. A cette époque où les voyages étaient encore possibles. Aujourd'hui, elles veulent toutes rejouer splendidement les Bronzées en lisant le supplément de Elle pour se donner des frissons érotiques de vacances people.
Et moi, je revois ces temps anciens où je ramassais les pièces de 5 centimes sur les voies de chemin de fer au péril de ma vie. Je n'avais pas d'appareil-photo encore moins d'ordinateur, juste mon stylo et mon carnet.

Et aujourd'hui, où allait-il ? A BFM (Bibliothèque François Mitterrand) prendre le Météor. Une seule station, ce fut bref. Une station toute neuve avec plein d'escalators comme dans une BD de Valérian (Métro Châtelet Direction Cassiopée). Les Olympiades ! Je tombe sur la médiathèque du quartier en sortant de la station. Et puis ensuite : partir au hasard ! Sans se retourner, sans réfléchir. Sentir le parfum de l'errance. Pris la rue du Château des Rentiers car le nom me plaisait. Rue sans château ni rentiers mais où il reste un peu d'espoir sur les murs.
Tout Paris est en éternelle reconstruction et notre âme se reconstruit de même chaque jour. Ô château ! Ô rentiers ! Toute âme est en chantier.
De la poésie plein les poches car la poésie est un voyage à elle toute seule. Je était devenu un autre et il avançait seul comme avec une femme, toutes celles qu'il n'avait pas eues. Aller à la dérive. ne jamais prendre "le bon chemin". Se perdre. Aller là où mes pas ne me conduisent pas. Être où ne pas être... (Prévert)
Tombé sur la Villa Robert Doisneau, un bel intersigne ! Mon appareil en a évidemment fait une photo en noir et blanc. Puis rencontré l'inévitable Miss Tic, on n'était pas loin de son quartier de la Butte aux Cailles. Miss Tic, l'arrière petite cousine de Nadja peut-être ?
Une voix intérieure m'a inspiré pas loin de la Clinique Jeanne d'Arc car comme chacun sait, tous les poétes entendent des voix qui leur dictent leurs vers ; c'est leur ombre jungienne, leur anima sauvage.
Square des Chamaillards.
Je tourne rue Jean Fautrier aux immeubles d'un autre espace temporel. Les jeunes de banlieue (mais est-on un jeune de banlieue à Paris ??) causaient de tentative de meurtre.
Je m'enfuis au plus vite comme ce dessin sur la vitre où se réflète ma piètre image de moi.
Au loin, on aperçoit un curieux bâtiment en forme de fusée ! . Qu'en penses-tu Laureline (la fiancée de Valérian, agent spatio-temporel) ? Les jeunes filles ont répondu que cela leur faisait penser à "la Tour cifel".
Rue Trolley de Prévaux, on se croirait à la frontière de la campagne et de la ville.
Plus loin, des clodos sifflaient leurs bouteilles de rouge en commentant les dernières nouvelles.
Quartier en rénovation : logements sociaux, maison d'accueil. En attendant, ils dormiront sous les tentes.
A gauche de la rue de Patay, une église m'a attiré du regard alors j'ai pris à droite délaissant l'appel de Jeanne...
Rue Eugène Oudiné. Gymnase Marcel Cerdan. Des reflets vifs dans les carreaux de ce monde insoluble.
Je lorgne sur la bretelle de soutif d'une jeune et jolie noire pour oublier le béton.
Tiens, ce théâtre me rappelle quéqu'chose !? Salut Miss Tic, encore toi...
Le Caporal Baudry est tombé ici le 7 Juillet 2000.
Un carrefour de cinq ou six rues autour du Théâtre du Lierre. Un asiatique était perdu. Il cherchait la rue Cantagrel. J'ai sorti mon plan... sauf que je ne savais absolument pas où j'étais !! (rires). Ciel ! j'étais tout proche de la rue Watt, la rue où Boris Vian venait planter ses tomates poétiques avec Raymond Queneau. Montré la bonne rue à l'asiate qui m'a remercié d'un balancement du corps, les mains jointes.
Y a-t-il un hasard ? L'appel était trop fort. Passé sous le pont SNCF. L'écume des jours, l'été à Paris et l'automne à Pékin.
Le quartier ravagé par la lèpre immobilière. Des parkings sous tes reins, ma belle rue défigurée et donc des graphs et des ordures.
Nos deux coeurs plantés sur les murs de la ville. D'autres signes de la démence du béton.
Rue de la Croix Jarry, la nature se bat encore, peine perdue. Rue Jean-Antoine de Baïf, la poésie est bafouée par les promoteurs qui enlaidissent la vieille usine.
Je traverse un jardin sans nom.
Rue Elsa Morante : des cages à lapins toutes neuves. Rue Hélène Brion, des bâtiments à peines construits !
Quai Panhard et Levassor. Au 43 quai de la gare, les nazis avaient installé un camp de travail forcé suivi d'un voyage à Auschwitz ou Bergen-Belsen.
Université Paris Diderot, toute fraîche. En face, une usine avec un coté four crématoire puis la bibliothèque de l'université pour ne pas oublier.
Un clin d'oeil de Lucky Luke. Mais où sommes-nous ? En pleine BD. Rue Goscinny. Quand est-ce qu'on mange ?
Rue des Frigos, ça tombe bien. Cela faisait un bail que je n'avais pas mis les pieds ici. Je connais bien et je vais aussitôt à la porte bariolée pour entrer dans le bâtiment. Interdit de taguer ! C'est une blague ou quoi ? Les murs sont constellés de tags ou de graphs. Je zyeute les boîtes aux lettres mais je n'ai aucun lien ici si ce n'est les frigos.com.
Je clique quelques graphs extérieurs. Un beau visage bleu. Ou ce cri sauvage ! Un trio étrange de regards. Je ne suis pas le seul à prendre des photos, un gars photographie un black torse nu devant les fresques murales.
Ici Mustapha Mohamed est mort le 18 Juillet 1998.
Des grapheurs et des grapheuses derrière le grand bâtiment. Ils ont fait gaffe quand ils m'ont vu et ont attendu que je me tire mais ils ne peuvent rien contre un zoom x10. Bleu blanc rouge !
Je note une adresse Internet sur le mur : aiguillage.org
Rue Primo Lévi (les frigos par opposition aux chambres à gaz ?)
Rue Olivier Messiaen. Les promoteurs auront-ils la peau des Frigos ? Et de la rue Watt ?
Puis rue Paul Casals. Je signe mon histoire comme dans les films d'Hitchcock. On m'aperçoit dans un reflet. Apparition d'un fantôme.
Enfin la TGB (Très Grande Bibliothèque) évidemment. Le signe du Livre. Ne suis-je qu'un personnage de roman ?
Au loin, Notre-Dame priez pour moi, pauvre rêveur.
MK2. Se tourner des films, être avec la femme aimée, lui causer, lui caresser les cheveux, l'embrasser. Je mate deux paires de jambes nues. Traverse le hall du cinoche.
Je ne pense qu'à ça. A ton ptit coeur, mon amour !
Et me retrouve Promenade Jules Isaac. Je laisse les promeneurs à leur balade. Ne pas suivre les moutons.
Je traverse la Passerelle qui mène Rue Chevaleret au dessus des voies du RER. En contrebas, j'aperçois deux statuettes. Je laisse la BNF derrière moi dans son décor de science-fiction.
Et découvre un poéte polonais inconnu appelé Cyprian Kamil Norwid.
Au 113 de la rue du 13ème arrondissement, j'explore l''arrière-cour de la Cour du Liégeat. Endroit quasi bucolique (mais moderne : 1992, je crois).
Dernier intersigne de cette virée : le Passage des Crayons. Écrire, écrire, écrire pour ne jamais mourir.
Une dernière affiche dissimulée au regard des passants sous le pont près des beaux escaliers qui mènent au Boulevard Auriol. Impatience is your greatest strength.

Retour à la case-départ : BFM. Les flics ont alpagué deux gus. Fin du rêve, fin du voyage.
Paris. Lundi 13 Août 2007. Les photos. Le diaporama.

Commentaires
P
merci pour la visite,je vis à Lille depuis 1977 et je suis né à paris en 1971,et je vivais au 9 rue de la croix jarry, je suis retourné sur les lieux 32 ans plus tard mais je n'ai pas retrouvé mes souvenirs d'enfance qui on diparus avec cette folie d'urbanisme je recherche des photos de mon ancien immeuble detruit dans les années 2000<br /> FAVREAU Pascal
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A
bonour! merci c sympa mais il manque quelque chose que vous n'avez pas visité rue chateau des rentiers..j'aimerai bien avoir votre interpretation..svp.vous avez tourné à gaucje au lieu de continuer la rue.
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V
Petite pub :<br /> <br /> 50€ de réduction switch partirpascher ici :<br /> http://www.bon-reduction-partirpascher.fr<br /> <br /> :)<br /> <br /> Bon voyages !
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V
Les bises arté sont de petits vents de folie,<br /> Qui vous tombent dessus au moment propice,<br /> Pour vous écarteler le temps d'un supplice,<br /> Et vous transcender en triple tour de magie.
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B
Je viens de passer un bon moment en lisant ta prose et en matant tes photos. Ce fut un agréable moment, comme quoi inutile de partir loin pour egréner de bons souvenirs et se faire plaisir.<br /> Merci.
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