La galerie P19

J'ai toujours improvisé mes journées. Certains parlent d'indécision chronique et d'immaturité, d'autres y verront de la poésie et un style de vie. Habitué à vivre au jour le jour, je (quoique je ne sois pas toujours sûr que ce soit je) décide au fil des minutes ce que je vais bien pouvoir faire.

Un jour comme ça, j'avais rencontré Dieu (pourtant j'Y crois pas), c'était une grande lumière blanche et Celui-ci très ironiquement, m'avait dit qu'on ne savait jamais ce que j'allais faire. Extrêmement surpris, je m'étais exclamé : "Même vous ? ". Il m'avait répondu avec bienveillance : "Tu es le principe d'incertitude personnifié !"
J'avais reçu un mail de Webcity m'invitant à un carnaval tropical à la Rép'. Pourquoi pas ? Et puis, non, si je retournais plutôt au Macval, ça faisait plus sérieux (mais est-on sérieux à mon âge dinosauresque ?...). Or arrivé à la gare, j'ai pris le train dans l'autre sens pour aller à Villebon. RER B. Zone 4.

Ça m'a rappelé le temps béni où j'arrivais Gare de l'Est avec ma carte orange et où je prenais le premier train en partance. Je me retrouvais à Meaux ou à Provins sans préméditation. Des fois même, je prenais le métro et descendais à trois heures moins le quart. D'habitude, on descend à Nation ou à Étoile et beaucoup moins à 10h15 ou à 13h26. Car c'est pas facile de descendre dans un lieu où vous n'avez rien à faire.

D'ailleurs, un jour comme ça, je m'étais trouvé à Drancy un 14 Juillet. J'avais erré dans la ville comme un abruti jusqu'à ce que je me retrouve devant un stand ringard où se préparait un concert. Qu'elle ne fut pas ma surprise quand j'ai vu débarquer Moon Martin, mon guitar hero préféré !! Depuis ce jour, je me méfie des gens qui planifient trop les choses et encore plus des voyages "organisés".

Donc me voilà à Villebon, sous un soleil de plomb. Pas loin de Polytechnique. Promenade de l'Yvette.

Là, y'a des gens qui se promènent, font du vélo, mettent leurs chiens à l'eau ou lisent un bouquin passionnant. C'est une banlieue très mal connue de Nicolas Sarkozy qui ne l'a jamais visitée...

Et en longeant la rivière, j'arrive devant la Galerie P19 à ciel ouvert sous l'autoroute et la ligne de TGV. C'est pas un endroit fréquenté par Lunettes Rouges qui préfère les galeries bon chic bon genre de Paris et des capitales européennes.

Les graphs m'ont pourtant moins plu que les dernières fois où j'étais venu.

Une bande de jeunes avec des meufs a débarqué.

L'un des sauvageons m'a aimablement demandé si je graffais en me voyant prendre des photos.

J'ai oublié de vous dire que j'avais mis ma casquette. Je vous ai déjà entretenu de mon bonnet bleu de clown mais pas de ma casquette de rappeur. C'est pas pour faire djeuns, c'est pour protéger mon crâne du soleil. Comme B.B sur sa Harley Davidson, personne ne me reconnait quand j'ai mis ma casquette. Même pas mes collègues quand ils me croisent dans la rue. C'est une casquette d'invisibilité comme la cape d'Harry Potter.

Là, je me la suis pété un peu en répondant que je connaissais un des graffeurs de P19 (en fait, je connais surtout sa mère). Le jeune gars m'a alors refilé une carte d'invitation "I love your cap" (sic) pour une expo de graffeurs à La Friche de Belleville (22 rue Denoyez) du 6 au 15 Juillet.

Je reprends le RER B. A Massy, je vais manger comme d'hab' un diplomate à la boulange coté RER C. Plus tard en 2056, mes éxégètes attesteront ce fait et tous mes admirateurs viendront manger des diplomates à la gare de Massy comme on va boire un daïquiri dans les bars de Cuba fréquentés par Hemingway. Mais les visiteurs précédents auront tout mangé et ils prendront un simple pudding. Tant pis pour la légende !

Sur le quai, un excité hurlait : "Qui ne saute pas, n'est pas français".

Comments

[pkdille]

Un diplomate à la gare de massy ? ah oui ? je vais me faire ça un jour, juste pour le fun
mais je vais pas le prévoir, parce que moi aussi je suis une adepte de l'improvisation ;)