Les amoureux du Musée
En voyant les photos de Thomas Struth, je pense chaque fois à cette photo que j'avais faite en 98 au Musée d'Orsay :
Ainsi, le musée imaginaire de Malraux repose sur la reproduction métamorphique de l'oeuvre grâce à la photographie. De facto, c'est cette dernière qui deviendrait oeuvre d'art, et non plus le modèle reproduit à savoir l'oeuvre d'art photographiée. Mais alors pourquoi — s'interroge Isabelle Rieusset-Lemarié — avoir besoin de reproduire une oeuvre d'art pour que la photo ait valeur artistique ? Parce que manifestement, selon Malraux, la photographie, en tant que reproduction, ne pourrait créer un « art fictif » que si elle se nourrit de la décomposition d'une oeuvre d'art, et pour que cela soit possible, il faut que la reproduction photographique — au lieu de chercher à dupliquer le plus fidèlement possible l'oeuvre — au contraire, la transmute. En écho à la perspective malrucienne, on pourrait adapter cette proposition au musée virtuel qui aurait le pouvoir de métamorphoser l'oeuvre, grâce à l'exploitation de ses potentialités numériques et multimédiatiques.
Hélène Bourdeloie