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17 janvier 2007

Le voyage infini

Je voue sûrement un culte à Julio. Pas Iglesias mais CORTAZAR !!! Il y a des auteurs qui vous marquent au fer rouge pour toute votre vie. Et des personnages comme Horacio et la Sybille de Marelle que je n'oublierai jamais. Un livre lu et relu dans tous les sens (car il y avait plusieurs façons de le lire). Et je ne suis allé à l'Instituto Cervantes que religieusement comme on irait prier à l'église. Celle de la littérature.

Ceux qui ne connaissent pas l'auteur argentin ne comprendront pas en voyant les quelques photos de l'exposition et ces textes illustrés ce qu'il y a de miraculeux chez Julio Cortazar. Je l'ai sûrement lu au bon moment. Celui où la littérature avait un sens profond dans mon existence ; où lire était un acte de survie.

J'ai découvert Cortazar d'une manière cortazarienne en apparence banale et en même temps non ordinaire. Lors de vacances à la montagne avec des amis d'amis, un dénommé Dan (un alter ego ?) avait apporté un bouquin à lire recommandé par son oncle du Vénézuela. J'avais repéré une carte de tarot sur la couverture (la Roue de la Fortune). C'était écrit par un auteur sud-américain. C'était bien ? Il ne savait pas car il venait de commencer le livre qui racontait l'histoire de la croisière des gagnants d'une loterie.

Plus tard, je me mis à rédiger mes vacances avec cette manie maladive du détail inutile. Que lisait donc le gars que j'avais vu à Cotignac, cet été-là ? C'était un Folio. Et me voilà à parcourir la liste de tous les titres de la collection. Pour tomber sur le n° 1354, Les Gagnants d'un dénommé Julio Cortazar. Gagné ! Mais à quoi bon ?

La vérité, c'est que je viens de retrouver le petit carnet vert où j'avais pris les notes de ces vacances dans les Alpes et qu'en fait, je n'ai jamais rédigé celles-ci, trop amoureux d'une petite rouquine aux yeux bleus. Trop chargé d'émotions. De conflits avec mes compagnons de route.

Et Cortazar dans tout ça ? Je n'avais pas trouvé Les Gagnants en librairie et j'avais opté pour Les Armes Secrètes afin de voir quel était le genre de cet écrivain. C'était une époque où je me gavais de littérature (Sartre, Flaubert, Shakespeare, Alain, Buzzati, Nietszche etc.). J'essayais tout.


Pas comme aujourd'hui où je me contente des "nouveautés" ; de lire le "dernier Nothomb", "le dernier Werber", le "dernier Cyrulnik", le manifeste de Nicolas Hulot, que sais-je encore ? Bien loin de la vraie littérature, celle qui marque et qui fait penser.


J'utilise mes agendas pour retrouver les dates (il n'y avait pas d'ordinateurs personnels à l'époque). Et je plonge dans mes cahiers pour retrouver ces journées. J'avais lu une nouvelle de Cortazar au lac Daumesnil. C'était l'époque des errances poétiques d'un parc à l'autre, un livre en poche.

On se marie ou on écrit son journal, les deux ne vont pas ensemble.
(La lointaine. Julio Cortazar).

J'avais écrit sur mon cahier : Ah ! Julio que tes nouvelles me ressemblent !
Puis j'avais continué de lire dans le métro entre Rome et Stalingrad.

Une façon, entre mille, de combattre le néant, c'est de prendre des photos.
C'est une activité à laquelle on devrait habituer les enfants de bonne heure, car elle exige de la discipline, une éducation esthétique, le main ferme, le coup d'oeil rapide.

(Les fils de la Vierge. Julio Cortazar)

Quelques jours après, au Centre Commercial d'une ville nouvelle, dans la collection L'Imaginaire de Gallimard, j'avais encore les moyens financiers d'acheter Marelle, 35 francs 15, c'est toujours écrit dessus au crayon ! J'avais aussi pris les Propos sur le Bonheur d'Alain. La veille, j'avais acheté une croissanterie dans une boulangerie parisienne du XIIIème. Le propriètaire s'appelait Morelli comme le double de Cortazar dans son roman !

Trames temporelles. Le voyage infini. Jusqu'au 30 mars 2007. Entrée libre dans une arrière-cour, 11 avenue Marceau (métro Alma-Marceau). Appuyez sur le bouton pour ouvrir la porte. Un tapis rouge pour vous accueillir.

Vous connaissez tous le paradoxe temporel du gars qui retourne dans le passé pour tuer ses parents (vous avez tous lu Frédric Brown, le maître du genre). Je me suis souvent demandé QUI m'avait fait découvrir Julio Cortazar. J'ai évidemment d'abord pensé à l'autre Dan mais celui-ci, à aucun moment, ne m'avait incité à lire l'auteur argentin. Ce n'était pas son oncle non plus puisque je ne l'avais jamais rencontré. Il m'a bien fallu admettre que c'est moi-même qui m'avait poussé à lire l'écrivain alors que je ne le connaissais pas...

Au début du cahier (bleu) de mon journal intime de cette année-là, cette citation de Julien Green :
Un journal est une longue lettre que l'auteur s'écrie à lui-même, et le plus étonnant est qu'il se donne à lui-même de  ses propres nouvelles

Commentaires
D
Bonne lecture ! Ensuite, il faudra lire Marelle...
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D
Je ne sais s'il s'agit de littérature "pote".<br /> En revanche, c'est une littérature en apparence assez simple et qui se révèle ensuite.<br /> Comme l'est un visage en apparence quelconque, mais fin, et dont on découvre petit à petit les richesses, non pas globalement, mais par le menu détail.<br /> <br /> Les Gagnants, c'est ce que je lis en ce moment...<br /> Tout ça pour dire ça...
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E
Belle note et quelle agréable lecture également chez le garde !
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L
J'aime également Cortazar depuis longtemps. Pour celles et ceux qui voudraient le découvrir, voici une de ses plus fascinantes nouvelles :<br /> http://blog.legardemots.fr/post/2006/10/03/Neotenie
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T
Julio, un très bon compagnon...
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