Correspondances
Ma chérie.
C'est dehors, surtout, au bord de la rivière que l'envie me prend de vous écrire, quand, ayant emporté des livres avec moi, le désir de vous revoir en imagination à mon coté me les fait refermer ou ôte de ma mémoire les choses que je viens d'y découvrir. Retourné dans ma chambre, je bâille devant l'heure présente et le sort qu'elle me fait et je pense avec délices à l'hiver. Tout était tellement plus facile.
Un amour couleur de thé. Joe Bousquet
Il serait beau qu'un amour léger, changeant, couleur de thé, un amour éphémère et fou comme le tien, fût le dernier éclat de ma vie et j'aimerais reconnaître en lui le voile où se déroberait à mes yeux la face attendue de ma mort. Car tu sais bien qu'on meurt, ma chérie, que de tant d'amour, et de toutes ces larmes, il ne reste rien, pas même un souvenir. J'aspire à cet oubli comme à la plus belle récompense.
Un amour couleur de thé. Joe Bousquet
Ma chérie,
Tu es triste, et t'écrire, aujourd'hui, c'est m'efforcer de faire un peu de lumière avec cette tristesse, l'aider à trouver toutes mes pensées transparentes. La tristesse est une espèce d'obscurité, celle que tu as retirée de ces derniers évènements, tout au moins. Ecoute-moi bien, je savais que tout cela arriverait. Je t'ai aimée pour ainsi dire dès que je t'ai vue. Le bonheur maintenant, c'est de penser à toi. Sans phrases. Tu m'as tout donné.
Un amour couleur de thé. Joe Bousquet